Le 28, nous avons pris de la hauteur en arrivant à Dharamsala, dans les contreforts Himalayens. Dharamsala, et en particulier McLeodGanj, abrite le gouvernement en exil du Tibet, la résidence du Dalaï Lama et de nombreux réfugiés religieux ou politique Tibétains. Nos premiers pas dans la fraîcheur de la fin de nuit, le calme des rues, la bienveillance ressentie partout dans cette petite ville nous ont marqués. L'ambiance assurément Tibétaine nous a fait sentir "de retour" dans un univers où nous nous sentons très bien, trois mois après avoir eu la chance de pouvoir nous imprégner de l'ambiance si particulière de Lhasa.
La raison principale de notre présence à Dharamsala est la retraite que nous avons effectuée dans un centre de méditation sur les hauteurs de la ville. Neuf jours particulièrement intenses, dont huit passés dans le silence, durant lesquels nous avons suivi, parmi 110 autres étudiants de 20 à 65 ans, une série de cours d'introduction au Bouddhisme Tibétain (plus précisément, celui développé par Tsong Khapa, fondateur de l'école Gelukpa, au sein de la tradition Mahayana) et participé à plusieurs méditations quotidiennes. Une vie simple, déconnectée de beaucoup de distractions mais très connectée au monde, à nos proches, à nous mêmes. L'occasion, trop courte à mon sens, de revisiter (en surface vu le temps court) l'essentiel de ce que je suis, ma manière d'appréhender la réalité, mes interactions avec les autres. Impossible de retranscrir sur le blog la richesse de cette expérience -- Marion et moi avons chacun noirci tout un cahier de notes, de réflexions, de questions. Je peux simplement mentionner le fait que je me sens très chanceux d'avoir pu participer à cette retraite (nous recommandons sans réserve le centre "Tushita", du réseau FPMT), et je pense que ce moment sera une source particulière de réflexions et de nouvelles habitudes pour nous deux. Notre rapide retour (le visa de Marion arrivant à terme) à l'agitation Indienne a été un peu difficile.
Nous espérions trouver un peu de calme lors de notre dernier arrêt en Inde, dans la station d'altitude de Nainittal. Raté : une ville, certes dans les montagnes, mais résolument chaotique, pas très propre, bruyante.
Le dernier jour du visa de Marion, nous avons filé -- de la manière que nous aimons : à pied -- à travers la (très belle) frontière de Banbasa pour rallier le Népal. L'Ouest du Népal est particulièrement peu peuplé (contraste saisissant avec l'Inde), fortement militarisé, très peu développé. De larges rivières grossies par la mousson, et donc actuellement quasiment au plus bas, coupent une forêt assez sèche (la sal forest) qui domine largement le paysage. Partout les habituels "Namaste !", les sourires des grands et des petits, une curiosité bienveillante. Comment ne pas être fous de ce pays ?
Sur la route de Kathmandu, nous avons stoppé une semaine (nous avions prévu trois jours...) dans le magnifique parc national de Bardia. Calme, forêt diverse et généralement luxuriante, beaucoup de faune (notamment des oiseaux bien évidemment). Nous avons pleinement profité de chaque jour, de chaque balade. Un régal. Après un trajet de 21 heures en bus, Pokhara, 2ème plus grande ville du Népal. L atmosphère est saturée de poussière, à tel point que nous ne verrons les montagnes que quelques heures un jour. Le 22, la ville célèbre le Nouvel An, Holi. On se jette joyeusement de la poudre de couleur. L'ambiance est très bon enfant et nous rappelle la fête de l'eau en Thaïlande. Alors que nous envisagions de partir randonner dans le massif des Annapurnas voisin, la foule, la logistique et la quasi-impossibilité de faire un peu à notre guise nous en ont détournés : c'est dans la région de l'Everest que nous irons user nos chaussures. Bye bye Pokhara donc, et namaste Kathmandu !
Jb
Leçon du mois : Leçon de pleine conscience, ou apprendre à être pleinement focalisé sur l'instant : la tâche que l'on effectue, la personne avec laquelle on interagit, la nourriture que nous mangeons.
La surprise du chef : un petit épisode comme nous les adorons. Notre arrivée à Kathmandou ne s'est pas passée comme attendue. Alors que nous tablons sur une arrivée vers 23h à la station de bus, c'est à 21h15 que le bus s'arrête, non à la gare routière mais sur le périphérique de Kathmandu. Une précision à propos de ce fameux périph s'impose : on s'attendrait à ce qu'une capitale d'1,3 millions d'habitants soit dotée d'une 2x2 voies embouteillée, mais ce periph' est une simple route à voie unique, pas partout goudronnée avec des nids de poule énormes... et détail important, sans éclairage et complètement vide passé 20h. Nous voici donc sur le bord d'une route déserte ou presque, 5km de banlieue non éclairée nous séparant de notre hôtel favori. Nous sommes immédiatement assaillis par des chauffeurs de taxi ravis d'avoir une proie sans aucune alternative. Nous nous résolvons à entamer les négociations. Sans surprise, elles nous sont fort défavorables, aucun ne veut bouger de la somme exorbitante (pour le Népal) demandée. Très désagréable de se sentir pris au piège. On laisse traîner, on attend un miracle. Croyez le ou non, un bus passe. On court après, on tape à la porte. Ouf, il s'arrête. Curieusement, la porte ne s'ouvre pas tout de suite. Après quelques secondes d'atermoiement, nous montons avec un fol espoir, résolus à nous tirer du piège, sans se retourner. A bord, trois jeunes gens. C'est un bus hors service, sans siège. Rapidement, l'un d eux nous explique qu'ils vont chercher sa soeur, pour l'emmener d urgence à l hôpital. Ils sont super sympas. Ils nous rappellent la super petite bande de jeunes que nous avons rencontrés en décembre grâce à Couchsurfing. Ils nous déposent en plein centre ville, non loin de l'hôpital, gratuitement bien entendu. On les remercie chaleureusement, on souhaite un bon rétablissement à la soeur. On se regarde, incrédules, sur le trottoir bien connu de King's Way. Nous sommes hilares : on imagine la tête des taxis ! Sauvés !
Highlight météo : un orage démentiel s'abat sur Dharamsala le 6. Des grêlons de bonne taille nous fouettent et finissent par s'accumuler en couche de plusieurs centimètres. Épique fin de balade en forêt !
Des plumes et des poils : Changeable Hawk eagle (voir la photo du gros rapace dans l'arbre sans feuille) et Rhinocéros à une corne (voir photo également) à Bardia.