Nous voilà au Japon depuis un mois. Arrivés en bateau à Fukuoka, sur l'ile de Kiushu, dans le sud du pays, nous avons tout d'abord rejoint Hiroshima en stop. Comme dans chaque nouveau pays, il nous a fallu une petite période d'ajustement pour être à l'aise en stop. Panneau ou pas panneau ? Doit-on s'inquiéter ou pas de la police ? Notre présence est-elle bien tolérée sur les aires d'autoroute ? Comment communiquer avec les conducteurs ? Dès le premier jour, nous avons rencontré deux autostoppeuses japonaises et avons adopté leur technique : voyager principalement par l'autoroute, d'aire de repos en aire de repos. Le panneau est indispensable, nous y inscrivons le nom de la prochaine aire de repos, et le montrons à l'endroit où il y a le plus de passage : devant les toilettes. En général, quelqu'un vient rapidement nous parler, nous lui demandons alors en japonais de nous indiquer où il va sur une carte schématique du réseau routier (récupérée gratuitement à une aire), et nous mettons d'accord sur une aire où nous déposer. La méthode marche terriblement bien, mais les conducteurs vont rarement loin, nous faisons bien souvent des sauts de puce. Nous connaissons donc une vingtaine d'aires d'autoroute entre Fukuoka et Tokyo ! Pour dormir le soir, c'est très simple : nous sortons d'une aire par derrière (par un portillon ou en sautant le grillage) et trouvons un endroit tranquille dans la nature pour planter notre tente. Dès notre premier lift, nous sommes confrontés à l'hospitalité des japonais et la tradition du "cadeau" : nous descendons de la voiture avec un livre pour apprendre le japonais et de l'argent pour manger ce midi, impossible de refuser. Il est souvent important pour les conducteurs de nous faire un cadeau : paquet de bonbon, pâtisserie, petit bijoux... De notre côté, nous nous répandons en courbettes, la manière traditionnelle de remercier et montrer son respect.
La première grande ville que nous visitons est Hiroshima. Nous campons dans un magnifique parc à l'extérieur de la ville, au bord d'un ruisseau. Nous passons deux journées bouleversantes dans cette ville qui a su transcender la souffrance pour devenir symbole de paix. C'est très fort. On y découvre ce que l'homme a de plus sombre, mais aussi beaucoup d'espoir. Non loin de l'épicentre de l'explosion se dressent les restes du Dome Genbaku, un des rares bâtiments qui ne s'est pas effondré après l'explosion. Il est aujourd'hui protégé, et entretenu pour rester "en l'état". Nous discutons avec plusieurs enfants de survivants, visitons une vieille école également partiellement gardée en l'etat, un musée de la paix, un mémorial, nous nous promenons dans un parc contenant des dizaines de monuments. Une cloche qui sonne tous les matins à 8h15 (heure de l'explosion), un tricycle calciné, des ombres de l'explosion projetées sur les murs, des journaux d'enfants qui s'arrêtent à la date du 5 août 1945 (la veille de l'explosion), tout cela est glaçant... Après plusieurs heures dans cette ambiance lourde, retrouver le petit coin de verdure dans lequel nous dormons nous fait du bien. Après Hiroshima, nous rejoignons un temple zen, dans la campagne autour de Kyoto. Durant 3 jours nous vivons au rythme des traditions de cette branche du bouddhisme. Récitations de sutras hyper rapides en japonais, méditations assises, en marchant ou en travaillant, repas extrêmement frugaux et codifiés... Les jours finissant par un 4 ou un 9, la journée est plus détendue et nous pouvons prendre une douche. Le soir je dors dans une salle du temple avec les autres femmes, après avoir déroulé des futons. Une expérience très intense. A Kyoto, nous retrouvons Nicolas, le frère de Jb, et sa fiancée Camille, venus deux semaines en vacances. Deux ans que les deux frères ne se sont pas vus ! Pendant une semaine, nous jouons les touristes "guide du Routard" dans la capitale japonaise du tourisme. Temples, balades, magasins... Avouons-le, je sature vite des visites de temples touristiques, mais je suis emballée par un musée consacré aux dispositifs anti-tremblements de terre qui équipent certains immeubles, et par l'après-midi que nous passons tous les 4 dans un karaoké et une immense salle de jeu... Je ne pensais pas m'amuser autant à un karaoké ! Et j'ai découvert un nouveau talent : Nico est un cador du bowling ! Bref, une semaine riche en émotions et en visites, merci Nico et Camille pour ces bons moments ! Nous voilà maintenant au pied du Mont Fuji, à une centaine de km de Tokyo. Nous y aidons pendant deux semaines dans une ferme bio, contre le gîte et le couvert. Le paysage est magnifique. Comme tout bon volontaire, nous passons beaucoup de temps à desherber à la main champs et massifs. Épuisant ! En dehors de ça, nous plantons, transplantons, modelons des buttes, paillons, arrosons... Nous cuisinons nous-même avec les ingrédients que l'on nous fournit, et mangeons face au Mont Fuji. Se poser un peu au grand air, loin des grandes villes, me fait le plus grand bien ! Quel plaisir de plonger de nouveau les mains dans la terre, observer les insectes, voir les graines germer... Je me sens bien au Japon, pas de gros choc culturel. Il faut dire que cela fait presque deux ans que nous voyageons en Asie, où les pays présentent certaines caractéristiques communes (populations peu extraverties, importance de la politesse, respect aux ainés...). Au Japon, nous (re)découvrons cependant certains petits plaisirs vraiment agréables : - Se servir un verre d'eau du robinet et pouvoir le boire sans crainte, sans avoir à filtrer ou faire bouillir l'eau... - Communiquer avec des gens qui osent essayer de parler anglais, même s'ils ne connaissent que quelques mots. En Chine et à Taiwan, le gens qui ne parlaient pas couramment anglais n'osaient pas s'exprimer, nous disant uniquement "I am sorry, I do not speak English" - Essayer de parler japonais, grâce à un dictionnaire et à des traducteurs. Quel plaisir, les gens nous comprennent ! En Chine les intonations sont si difficiles que nous ne pouvions communiquer qu'en écrivant des kanji sur un papier... - Les "toto Washlet" : des toilettes qui lavent les fesses, et parfois même les sèchent ! - Les sentos : des salles de bains collectives. Un horaire pour les hommes, un autre pour les femmes. Le bain ne sert qu'à se détendre, pas à se laver. Il faut donc se doucher et se savonner avant de rentrer dans le bain. Tout le monde est nu. Très relaxant, un délice ! Marion Highlight météo : nos trois premières semaines ont été très ensoleillées et chaudes. Depuis une semaine, c'est ce qu'ils appellent ici la "saison des pluies", il fait plus nuageux, et il pleut régulièrement. Le Mont Fuji est souvent recouvert d'un couvercle nuageux. Nous espérons que nous trouverons une fenêtre météo pour tenter l'ascension de cette montagne majestueuse et fascinante ! La surprise du chef : à notre arrivée au Japon, j'ai été surprise de voir à de nombreux endroits des pancartes, enseignes, journaux écrits à l'aide de kanjis, les caractères chinois ! J'ai alors découvert qu'au Japon il n'y a pas un type d'écriture, mais 4 ! En effet, on retrouve beaucoup de kanjis (empruntés au chinois, mais certains d'entre eux sont propres au japonais), ce qui mène parfois à des confusions, car la langue japonaise est atone, à l'inverse du chinois, il y a donc beaucoup d'homophones. Il y a ensuite les hiraganas et les katakanas, propres au Japon. Les katakanas s'utilisent principalement pour noter les emprunts lexicaux aux langues étrangères (à l'exception du chinois et du coréen, dont le vocabulaire d'emprunt est présent dans la langue japonaise depuis longtemps) et servent de mise en relief. Les mots habituellement écrits en kanji peuvent également être transcrits en hiragana. Enfin l'alphabet latin romaji est parfois utilisé pour les mots intraduisibles dans les autres styles d'écriture. Traditionnellement, le japonais s'écrit au format tategaki (sans espaces entre les mots, de haut en bas et de droite à gauche), mais le format yokogaki (de gauche à droite et de haut en bas) est de plus en plus souvent utilisé. Apprendre à lire doit être un vrai casse-tête pour les enfants japonais ! La leçon de la semaine : leçon d'origami. Nous rencontrons régulièrement des écoliers qui pratiquent un peu leur anglais avec nous, puis nous offrent un origami. A Hiroshima, l'origami de la grue est un symbole de paix que l'on retrouve partout. Je ne voulais pas partir du Japon avant d'avoir appris à faire une grue en origami. Il existe plusieurs méthodes, celle que je trouve la plus jolie est celle-ci : https://youtu.be/Ux1ECrNDZl4. Ça n'est pas très difficile, assez rapide mais pas évident à retenir. Des plumes et des poils : au Japon, il est possible de caresser des plumes et des poils dans des... "cafés"! En effet les "Neko cafe" sont très populaires, notamment dans les grandes viles où il est parfois compliqué d'avoir un chat en appartement. Les règles dans ces cafés sont assez strictes, il faut se laver les mains, se déchausser, ne pas embêter les chats... On peut se commander une boisson ou acheter des croquettes à donner aux chats. On paye selon le temps passé sur place. Je n'ai pas essayé, mais bon, pourquoi pas. On a en revanche été assez choqué de découvrir à Kyoto des lieux où le même principe est utilisé avec des rapaces, que les gens peuvent caresser. Beaucoup moins chouette à mon sens... Nous voilà au Japon depuis deux semaines, enfin ! Le "bout" de ce grand voyage, pays après lequel nous allons faire demi-tour pour amorcer notre retour vers l'ouest, vers l'Europe.
Pour rejoindre ce pays depuis la Chine sans prendre d'avion, nous avions le choix entre prendre un bateau depuis Shanghai vers le Japon ; ou partir de Qingdao, située 600 km plus au nord, prendre un ferry pour Incheon (Corée du Sud, près de Séoul), traverser le pays pour rejoindre la côte est, puis prendre un ferry pour le Japon. La première solution était bien plus simple, mais la seconde me semblait plus excitante. Jb était plutôt pour le première option, moi plutôt pour la seconde. Bref, sur un coup de tête, nous voilà partis pour la Corée ! Après Shanghai, nous avons donc tout d'abord rejoint Qingdao en 2 jours de stop assez facile. Une fois entrés sur l'autoroute, il est facile de voyager de stations service en stations service. Le premier soir nous nous sommes ainsi arrêtés sur une aire de repos, avons franchi un grillage troué pour sortir de l'autoroute et sommes allés camper au bord d'un champs, derrière l'aire. Le lendemain matin, malgré un réveil à 6h, nous nous sommes faits délogés par un agent de sécurité alerté de notre présence par des personnes âgées faisant leur marche matinale ! Le gardien était plutôt grognon, mais les personnes âgées étaient très intéressées par notre présence, nous ont suivi jusqu'à l'aire où nous avons cuisiné notre petit déjeuner, commentant avec le sourire chacun de nos faits et geste, comme c'est souvent le cas ici. Les gens sont en général intrigués que l'on mange avec des baguettes, et qu'on les tienne tous les deux de la main gauche... Arrivée à Qingdao, fin de ce voyage en stop en Chine. Nous prenons un bateau de nuit pour la Corée. L'employée nous surclasse, le trajet sera confortable. A l'arrivée, l'employé du bureau de change veut nous offrir le café, le pompiste refuse que nous payions le demi litre d'essence que l'on met dans notre réchaud... Quel accueil ! A Séoul, tout nous semble propre, moderne et... cher ! Finis les restau à 1 euro ! Pour une fois, nous faisons une visite express de cette capitale, sommes enchantés par un de ses magnifiques temples décoré de lampions, pas emballés par le palais que nous visitons (un peu trop touristique et refait à notre goût...), séduits par une jolie promenade aménagée le long d'un cours d'eau artificiel... On s'amuse au siège de Samsung à essayer de nouveaux gadgets, on découvre les salles de jeux survoltées où certains jeunes semblent passer leurs nuits, on se rend au plus proche de la Corée du Nord, on randonne autour des anciennes fortifications, on déguste des bibimbaps (plat à base de riz, oeuf, légumes, qui peut être demandé en version végétarienne), du kimchi (légumes marinés pimentés servis en accompagnement)... Ouf, un séjour à 100 à l'heure, qui nous a beaucoup plu ! Après Séoul, une journée de stop nous a suffit pour atteindre Busan, deuxième plus grande ville du pays, à 400 km de la capitale, sur la côte sud-est. En prime, notre gentil conducteur nous a emmené visiter un très joli temple situé en périphérie de Busan. Pour passer cette dernière nuit en Corée, nous optons pour une solution pour le moins originale : dormir dans un spa ! Ici les spas traditionnels, appelés jjimjilbang, sont très populaires, et sont bien plus que de simples spas, car on peut y dormir ! Pour environ 8 euros chacun, nous avons pu y passer 12h. La partie spa est séparée entre les hommes et les femmes. On y trouve des bassins à différentes températures, des jets massants, saunas à différentes températures, de petits postes individuels avec douche, miroir, siège... Les gens y font leur lessive, se lavent, se font faire un gommage, discutent ou sont concentrés. Tout le monde est entièrement nu. Quand on a fini la partie spa, on enfile un pyjama fourni, et on peut rejoindre la partie détente, qui est mixte. Dans la partie détente, on peut trouver différente salles pour dormir par terre sur une petite couverture (salles par genre ou mixtes), une salle télé, une bibliothèque, parfois une salle informatique, une cafétéria, des fauteuils massants, des saunas.... On peut faire autant d'aller-retour qu'on veut entre les deux espaces... Ce sont des endroits très étonnants la nuit, les gens dorment par terre partout, certains même dans les saunas ! Ces lieux sont notamment utilisés par les gens qui travaillent loin de chez eux, ceux qui sortent tard et rattent les derniers métros, les jeunes qui veulent faire la fête... L'endroit était simple, propre, calme, nous étions les 2 seuls étrangers... J'ai évidemment adoré, et Jb aussi ! Le lendemain nous prenons un bateau de nuit pour le Japon, ravis de ces six jours extrêmement riches en Corée. Marion Highlight météo : temps doux et rares orages, une météo très agréable pour ce passage en Corée. Brrr en revanche la mer est froide, on n'y trempe que les pieds ! La surprise du chef : à Séoul, nous avons eu le plaisir inattendu de passer un dimanche avec Michèle et Philippe (mon oncle et ma tante), venus quelques jours pour leur travail. Une belle journée ensoleillée à s'échanger les dernières nouvelles, visiter la ville, randonner et manger dans de bons restaurants ! Quelle belle coïncidence ! La leçon de la semaine : à Séoul, les leçons d'histoires nous attendent à chaque coin de rue, plus précisément l'histoire du conflit entre les "deux Corée". Dès notre arrivée, nous sommes surpris de l'omniprésence des militaires américains dans la ville. Nous visitons un musée d'histoire consacré à la guerre de Corée (survenue entre juin 1950 et juillet 1953, et ayant impactée de nombreux pays s'étant battus sous l'égide des Nations Unies), des mémoriaux (2 millions de victimes civiles, plus de 800 000 victimes militaires coréens du Nord et du Sud, 57 000 victimes militaires dans les forces de l'ONU, dont plus de 36 000 américains, 300 français)... Le lendemain, nous partons en train à proximité de la DMZ, la zone démilitarisée qui entoure la frontière avec la Corée du Nord. Le lieu est sous haute surveillance, ça ne rigole pas... On ne peut s'approcher qu'encadré, en faisant partie d'un tour officiel. On grimpe sur une colline d'où on aperçoit ce pays mystérieux. On visite un des tunnels creusés secrètement par le Nord pour surprendre le Sud. L'ambiance est particulière, des haut-parleurs diffusent à fond de la musique pop en direction du Sud, toute personne qui s'éloigne du groupe est immédiatement rappelée... Plus tard, nous randonnons autour de Séoul le long des anciens remparts, sur des collines surplombant la ville. Les militaires sont là aussi très présents, et des panneaux rappellent régulièrement qu'il est interdit de prendre des photos en direction de la demeure présidentielle. La raison à cela ? Il y a plusieurs années, un nord coréen est passé par ces collines pour tenter d'assassiner le président... Des plumes et pas de poil : black tailed gull sur les bateaux se rendant et repartant de Corée. Après Taiwan, nous avons passé 3 semaines en Chine. Notre troisième séjour dans ce grand pays ! La première fois, nous avions essentiellement voyagé dans le tiers central du pays, Beijing, Xian, Dali... La seconde fois, nous nous étions promené en stop dans le tiers ouest du pays, ainsi qu'au Tibet. Pour cette troisième visite, nous nous sommes intéressés aux grandes métropoles de la côte est.
A notre arrivée en bateau à Fuzhou depuis l'île taïwanaise de Matsu, un paysage de désolation s'étale devant nous : tout est rasé, bétonné, et ça construit, encore et encore... Nous retrouvons la couleur du soleil chinois, une sorte de rouge-orange pâle noyé dans la brûme de pollution. C'est assez joli, mais rappelle combien l'air est pollué. Fuzhou est une "petite" ville chinoise de 4,5 millions d'habitants. Il reste encore quelques vendeurs de rue et petits commerçants. Un énorme quartier "ancien" a été refait "à la chinoise" : tout y est propre, neuf en style architectural d'époque, joli mais sans âme. Notre étape suivante est Ningbo, 3,5 millions d'habitants, qui semble avoir été construite il y a 10 ans. C'est pourtant une des plus vieilles villes de Chine. Aujourd'hui des gratte-ciels impressionnants dominent le centre-ville, dans une sorte de compétition nocturne à celui qui sera le plus éclairé... La place centrale de la ville n'a rien d'historique, c'est une sorte de grand centre commercial à ciel ouvert, aux bâtiments neufs. On ne trouve aucun vendeur de rue, pas de petits commerçants, tout le monde semble travailler dans le milieu des affaires, c'est aéré, le système routier est surdimensionné... Quelle ville étrange... Nous rejoignons ensuite l'île de Putuo, qui nous fait une agréable parenthèse dans ce parcours urbain. Il s'agit d'une petite île considérée comme l'un des lieux les plus sacrés du bouddhisme en Chine. Classé parc national, il faut s'acquitter d'un droit d'entrée exorbitant pour y entrer, mais une fois là-bas, nous pouvons sans problème camper sur les plages magnifiques et manger de la nourriture végétarienne à la cantine des temples, nous déplaçant à pied d'un monastère à l'autre, on s'y sent bien. L'île contient environ 80 monastères, et est très visitée par les touristes chinois. Nous avons pu y avoir un aperçu des mouvements de population démentiels qui accompagnent tout jour férié en Chine. Il faut dire que la plupart des gens n'ont pas de jours de congé, en dehors des jours fériés officiels... Nous sommes vraiment bien lotis en France ! Nous atteignons ensuite l'énorme mégalopole de Shanghai, 17 millions d'habitants. Cela faisait assez longtemps que je voulais y aller. La ville de la démesure. Je m'y suis parfois sentie découragée, à essayer de limiter mon impact sur l'environnement, alors qu'à côté la machine à produire et à consommer tourne à plein régime... Sur le Bund, nous avons passé plusieurs soirées à observer les gigantesques gratte-ciels éclairés, dont le plus haut, la Shanghai tower, culmine à 632 m. C'est beau, certes... Les anciens quartiers d'habitations basses traditionnelles, où les habitants font sécher leur linge aux fils téléphoniques, sont inexorablement rasés pour construire des tours d'immeubles. Dernière étape, Qingdao, où des anciens bâtiments d'architecture coloniale allemande donnent à la ville un cachet européen, l'atmosphère y est agréable, détendue. Cette ville était une colonie allemande entre 1898 et 1914. Ils y ont fondé en 1903 la Brasserie de Qingdao, dont la production sera ensuite reprise par les chinois. Cette bière représente aujourd'hui plus de 50% des exportations de bière chinoise, il s'agit de la célèbre Tsingtao. Nous avons effectué l'essentiel de nos déplacements en stop, sans trop de difficultés, mais avec la frustration de très peu échanger avec nos conducteurs, qui ne parlaient jamais anglais. Les conducteurs avaient quasi systématiquement recours à " l'appel à un ami " à la moindre incompréhension : ils appellent leur ami qui parle le moins mal anglais et nous le passent. Situation en général inconfortable pour l'ami qui n'a rien demandé et la plupart du temps parle à peine anglais, et pour nous qui devons expliquer le stop à quelqu'un ne comprenant rien de la situation. Tout ça pour en général confirmer ce que le conducteur avait déjà compris avec nos gestes et mots clé en chinois ! Les grandes villes de l'Est sont immenses, surdimensionnées, et me laissent un sentiment de gâchis, surconsommation, surconstruction. On se demande où ce pays s'arrêtera dans cette course au béton, au building le plus haut, au panneau lumineux le plus grand et le plus éclairé... A notre premier séjour j'avais été séduite par la cuisine chinoise, fascinée par l'énergie qui se dégage de la population. Au deuxième séjour j'avais été subjuguée par les grandes étendues désertiques de l'ouest, mais choquée par la censure et l'emprise du gouvernement sur les minorités. Ce troisième séjour me laisse un goût amer, je suis écoeurée par tant de gâchis. Marion Highlight météo : c'est le printemps en Chine. J'ai beaucoup apprécié de voir la nature se réveiller, les arbres en fleurs. L'année dernière nous étions en Inde/Népal et n'avions pas eu de printemps. Ces odeurs et sensations m'évoquent mon adolescence, et me rappellent que l'année prochaine, c'est dans mon beau pays que je profiterai du printemps. La surprise du chef : il n'y a pas de limite dans l'imagination des industriels pour créer de nouveaux "besoins". Dans le métro de Shanghai, je ne sais pas si je dois rire ou pleurer en découvrant une machine bourrée d'électronique, de plastique, avec connexion à Internet, QR code, abonnement, etc. Tout ça pour... presser des oranges et vendre un verre (en plastique) de jus d'orange frais ! A quelques mètres de là il est pourtant possible d'acheter une vraie orange chez un primeur et de la manger, tout simplement. Des plumes et des poils : trois semaines sans poils, même les rats se font discrets dans les grandes villes chinoises aseptisées ! Question plumes, Chinese Hwamei, proche cousin du Taiwanese Hwamei. La leçon de la semaine : en 3 mois de voyage en pays sinophone, j'ai rajouté 6 mots (allez !, de rien, un, cent, où ?, non) à mon vocabulaire limité de 8 mots (bonjour, merci, français, France, autostop, gratuit, barrière de péage, riz), pas de quoi être fière... Seule satisfaction : nous prononcons suffisamment bien ces 14 mots pour faire illusion et que les gens pensent parfois que nous parlons chinois ! |
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July 2017
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