Le rythme lao nous change lui aussi de celui des chinois. Ici, on prend son temps ! Il faut dire qu'une chaleur pareille donne plutôt envie de rester calme. Au milieu de milliers d'autres touristes falangs (blancs), nous n'attisons plus la curiosité comme c'était le cas en Chine. Les gens parlent plus fréquemment quelques mots d'anglais, et partout où nous passons nous sommes accueillis par des « sabaidee » (bonjour) et des sourires. Question cuisine, c'est bon mais moins varié qu'en Chine, riz frit, soupe de nouille et « riz gluant » constituent l' essentiel de nos repas, accompagnés d'une bière Lao. Les laos ont la réputation de manger tout ce qui peuple leurs forêts et rivières, et nous trouvons régulièrement sur les marchés des rats et autres rongeurs surprenants, que nous n'avons pas encore osé goûter...
Chaleur, soleil, orages tropicaux, fruits exotiques, rizières, moustiques, prédominance des scooters et vélos, marchés colorés, marchandages quotidiens... nous voilà bien en Asie du sud-est ! Voilà longtemps que je rêvais de visiter le Laos et de vivre quelques semaines au rythme si agréable et particulier de cette région du globe.
Question itinéraire nous sommes entrés au Laos depuis la Chine à Luang Namtha. De là nous avons loué un scooter pour aller explorer un peu la forêt tropicale de la réserve de Nam Ha. Nous avons ensuite rejoint en 2 jours de bus (dont le toît déborde de bagages et qui met 3h30 pour faire une centaine de km, je suis fan !) Phongsally, tout au nord du pays. L'activité touristique principale de cette région est le «tourisme ethnique», des dizaines d'agence emmènent les touristes faire des treks et visiter des villages de minorités perdus dans la forêt. Nous avons un peu hésité, et n'étant pas trop à l'aise avec ce genre de choses (l'impact de ce type de tourisme sur les populations locales est-il positif ou négatif ? La question est complexe...), nous avons préféré explorer les environs à pied par nous même, en utilisant les multiples sentiers créés par les villageois dans les collines environnantes et en n'allant pas déranger les habitants des villages isolés. Le nord du Laos est ondulé de collines et recouvert de forêts denses. Deux jours de descente en pirogue de la rivière Nam Hou nous ont permis de traverser de magnifiques zones de forêt encore peu touchées par l'homme, d'autres zones très déforestées, et de traverser de nombreux petits villages vivant au rythme de la rivière (pêche, lessive, toilette, jeux des enfants...). Quelques jours de pur enchantement, ballotés par les flots, au son du moteur. Nous avons eu un coup de coeur pour Muang Khua, village paisible dans lequel nous avons fêté mon anniversaire. Nous y avons fait de belles balades, et sommes allés découvrir quelques grottes, dans lesquels les villageois se cachaient pendant la deuxième guerre d'Indochine. Nous avons ensuite rejoint très brièvement Luang Prabang, ancienne capitale, jolie ville à l'architecture coloniale, un peu trop touristique à notre goût. Nous sommes passés rapidement à Vientiane le temps de visiter quelques musée et temples, et de réaliser que cette capitale est vraiment très calme.
Pour gagner le sud du Laos, nous avons pour la première fois du voyage delaissé la dernière classe des moyens de transport locaux pour emprunter un «sleeper bus» (on craignait pour nos sacs sur un trajet de nuit dans un bus local avec beaucoup de chargements déchargements de matériel) : bus un peu plus coûteux avec de vraies couchettes doubles, la grande classe !
A Pakse, nous avons loué un scooter pour 3 jours et sommes partis avec nos petits sacs à dos à la découverte du plateau des Bolavens, célèbre pour ses plantations de café (vestiges de l'époque coloniale) sa fraîcheur et ses nombreuses chutes d'eau. Nous avons beaucoup apprécié l'indépendance procurée par le scooter, qui nous a parmi d'emprunter de belles pistes, de traverser de nombreux petits village, d'accéder à de chouettes balades, et de dormir dans un petit coin de paradis perdu dans la forêt, au milieu des cascades. En revanche nous avons moins apprécié les deux crevaisons à la tombée de la nuit...
Pour terminer notre visite du Laos, nous nous sommes rendus quelques jours dans les «4000 îles», sur le Mékong, à la frontière du Cambodge. De petites îles très rurales, vraiment jolies, dont les eaux abritent le rare dauphin d'Irrawaddy, et entourées des plus grandes chutes d'eau d'Asie du sud-est (en débit). C'est ici, sur l' île paisible de Don Khon, que nous nous apprêtons à célébrer ce soir le nouvel an lao...
Deux semaines au Laos, c' est beaucoup trop court ! Nous prenons demain le bus pour la Thailande. Nous allons essayer de rejoindre Bangkok en pleine semaine du nouvel an, alors que les transports sont pris d'assaut et que nous n'avons rien réservé, tout un défi...
Marion
Highlight météo : 12 avril dans le sud du Laos, soleil à la verticale, 39°C. Une journée à faire la sieste dans un hamac, pas à faire une randonnée (mais ça on l'a réalisé un peu tard)!
Des plumes et pas de poils : brahminy kite, dauphin d'Irrawaddy (dauphin d'eau douce du Mékong, dont les populations sont menacées).
Surprise du chef : les tarifs et l'efficacité des petits garages lao. 20 minutes et moins d'un demi euro pour réparer une crevaison, qui dit mieux ?
La leçon de la semaine : leçon d'histoire. Le Laos a successivement été sous domination thaïlandaise, française, japonaise, américaine depuis le XVIIIe siècle jusqu'en 1975 et la déclaration du Lao PDR (People's Democratic Republic). Le Laos est le pays du monde qui a été le plus bombardé. Plus de 2 millions de tonnes de bombes y ont été larguées par les États-Unis pendant la deuxième guerre d' Indochine, alors que le Laos n'était pas officiellement impliqué. Beaucoup de ces bombes n'ont pas explosé et causent toujours un péril pour les villageois.