Demain, le premier jour de cette 4ème année se fera pouce levé sur le bord de la route direction la Malaisie.
Marion et Jb
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Il y a trois ans, nous célébrions à Falmouth (US) notre départ. Trois ans plus tard, la bière est moins forte, l'ambiance plus intime mais l'émotion est tout aussi intense ! Demain, le premier jour de cette 4ème année se fera pouce levé sur le bord de la route direction la Malaisie. Marion et Jb
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Après un trajet en stop extrêmement facile et rapide depuis la frontière birmane, nous voilà depuis deux semaines à Chiang Mai, la deuxième plus grande ville de Thaïlande, dans le Nord du pays.
L'arrivée en Thaïlande est un choc : tout nous semble incroyablement propre, moderne. Nous restons tous les deux bouche-bée en voyant dans la rue un homme ramasser un papier pour le mettre à la poubelle. La plupart des magasins vendent du papier toilette. Il y a des coffee shop à l'américaine tous les 50 mètres. La plupart des gens parlent quelques mots d'anglais. Les restaurants, même tout petits, servent de l'eau purifiée que l'on peut boire sans crainte. Il y a des restaurants végétariens. Pour 8 euros par nuit nous dormons dans des chambres extrêmement propres avec Wifi, frigo, salle de bain individuelle. Bref, un cadre idéal pour se reposer et... étudier ! En effet, nous voilà de retour, après deux ans, à ITM, l'International Training Massage School de Chiang Mai. Nous sommes ici pour réviser ce que l'on a appris il y a 2 ans et approfondir nos connaissances. Nous sommes vraiment contents de poser nos sac à dos quelques semaines. Ranger nos habits dans une armoire, utiliser une salle de bain propre, pouvoir acheter des aliments qui se conservent au frigo... Nous retrouvons également avec plaisir l'école, qui n'a pas changé d'un poil. Nous nous y sentons bien. Les prof sont très compétents et sympa, l'ambiance est calme et détendue, tout est propre et fonctionnel, et les tarifs sont corrects. Dans cette école, nous apprenons des techniques de massage Nuad Bo Rarn, pratiquées dans le nord de la Thaïlande, depuis 2500 ans. Ce massage se pratique au sol, sur un matelas fin. La personne massée est entièrement habillée. Le masseur utilise ses mains, avant-bras, coudes, pieds et genoux pour réaliser des étirements et stimuler certains points. Il s'agit d'un mélange de pétrissage musculaire, d'acupression, de réflexologie et d'hata yoga. Ce type de massage est très différent du massage relaxant à l'huile. Pour en savoir plus : - Le site Internet de notre école, qui a également une branche à Amsterdam et Berlin : http://www.itmthaimassage.com - Un article qui décrit en français les principes de cette technique de massage : http://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/ArticleInteret.aspx?doc=massage_thailandais_lavoie_r_1998_th La première semaine, nous passons le niveau 2, pour masser quelqu'un allongé sur le côté, sur le ventre, et assis. Quatre journées de cours assez intenses, puis une journée d'examen. Tous les soirs nous pratiquons et révisons. Les journées de cours sont tous les jours organisées de la même façon. Nous commençons la journée par la récitation collective d'un mantra (pour rendre hommage au Dr Shivago, le fondateur de ce type de massage), puis nous avons 40 minutes de yoga ou Tai chi / Qi Jong, une pause, puis 2 × 2 heures de cours et de pratique, où à tour de rôle nous recevons et pratiquons certains mouvements. Récitation collective du mantra pour conclure la journée de cours, puis 2 heures de pratique libre encadrée par des professeurs. Il y a beaucoup de choses à retenir, et notre corps est beaucoup sollicité, à la fois quand nous pratiquons et quand nous servons de "modèle", sur lesquels chaque mouvement est répété plusieurs fois. La deuxième semaine, nous passons le niveau 4, qui se concentre sur l'utilisation de points d'acupression pour traiter certains problèmes. Les points utilisés sont les mêmes que ceux utilisés pour l'acupuncture, mais à la place d'utiliser des aiguilles nous utilisons nos pouces. Nous apprenons plusieurs protocoles pour traiter des douleurs de dos, épaules, genoux, cou, bras, mal de tête et douleurs de menstruations. Mon côté rationnel est mis à mal quand je découvre sur moi-même l'efficacité de cette méthode pour traiter certains problèmes. En effet, j'ai depuis très longtemps une réduction de la mobilité de mon épaule gauche. Rien à la radiographie ou échographie, pas d'amélioration lors de séances de kiné. Rien de bien grave, mais j'ai un peu mal à l'épaule, et ne peut pas faire certains mouvements, comme lever mon bras à la verticale (en Inde mon prof de yoga me répétait en permanence "stretch your arms Marion !", sans comprendre que cela m'était impossible). 1h après avoir servi de modèle pour le cours sur la restriction de mouvement de l'épaule, je découvre avec stupéfaction que mon épaule est débloquée ! Jb ne se rappelle pas m'avoir un jour vu lever mon bras avec autant d'aisance. Ça n'est pas non plus miraculeux, le blocage se réinstalle ensuite progressivement sur quelques jours, mais nous connaissons maintenant la procedure qui me débloque l'épaule... Un peu mystérieux tout cela ! Bref, nous avons été emballés par ce cours et sommes impatients d'utiliser ces nouveaux savoirs pour aider les gens de notre entourage. La semaine prochaine je vais suivre le cours de réflexologie (massage des pieds et stimulation de points d'acupression situés sur les pieds), et Jb va suivre un cours de massage des tissus profonds (utilisé notamment chez les sportifs). Tout va donc bien à Chiang Mai. Le soir nous regardons parfois l'arrivée du Tour de France en admirant les images de notre magnifique pays, ou regardons de mauvais téléfilms français sur TV5 monde, avec grand plaisir. Nous suivons également avec tristesse les informations des événements violents et désolants qui ont lieu en France, Turquie, Allemagne, Afghanistan... Nous sommes ici entourés de gens (étudiants et professeurs) dont la motivation est d'aider les autres à aller mieux, un environnement d'ouverture et de compassion qui rend encore plus incompréhensible à mes yeux ces manifestations de violence... L'homme est intrinsèquement bon, j'en demeure convaincue. Marion Contraints d'arriver à Yangon en avion, nous avons passé une vingtaine de jours en Birmanie, nous déplaçant en stop et visitant les villes de Yangon et Mandalay, Bagan et ses nombreux temples, le très vénéré Mont Popa, la paisible ville de Pyay, le site sacré de Kyaiktiyo... Assez peu d'étapes, nous avons pris notre temps, nous imprégnant de l'ambiance de chaque endroit et nous reposant de notre intense passage en Inde.
Après l'Inde, la Birmanie nous semble très propre et calme. Un mélange de modernité (des centres commerciaux nombreux, de belles voitures, l'omniprésence des smartphones...), de non-modernité (routes en mauvais état, hôtels assez miteux, la plupart des gens se déplacent entassés dans des pick up ou à l'arrière de camions...) et de traditions (presque tous les hommes portent un morceau de tissu traditionnel enroulé autour de la taille, masques sur le visage, forte fréquentation des temples...). Nous avons retrouvé beaucoup de choses nous rappellant l'Inde, le Laos et le Cambodge. Plus que les attractions touristiques, essentiellement des temples, ce que je retiendrai de la Birmanie, c'est avant tout : - Un peuple incroyablement souriant. Question sourire, seul le Népal rivalise à mes yeux. Partout des sourires spontanés, des signes de la main, des "mingalaba" (bonjour) enjoués... Ce pays s'ouvre au tourisme depuis plusieurs années, mais les visiteurs sont assez canalisés vers ce que le gouvernement veut leur montrer. Dès que l'on sort un peu du parcours classique, les gens sont très étonnés de voir des étrangers, et extrêmement accueillants (plusieurs fois nous n'avons pas pu payer notre repas et avons été invités). - Le plaisir de se remettre au stop, après presque 8 mois d'interruption (Tibet, Népal et Inde), et la facilité avec lequel nous avons été pris. Les gens ne comprennent pas trop pourquoi on ne prend pas le bus, mais ils veulent nous aider et sont ravis d'avoir des étrangers dans leur véhicule et d'échanger. Nous avons ainsi été pris en stop par un militaire en we avec sa famille, qui nous a invité à déjeuner et a voulu attendre au bord de la route avec nous jusqu'à ce qu'on trouve la prochaine voiture ; des tracteurs ; à l'arrière d'une camionnette frigorifique porte ouverte ; une voiture japonaise importée venant d'arriver par bateau ; un camion transportant des crevettes congelées ; des moines bouddhistes ; deux jeunes faisant 30 km détour pour nous déposer devant notre hôtel et nous éviter de faire du stop sous la pluie battante... Le mot clé ? "Pasa mashigou" ("pas d'argent") qui permet de demander si les gens vont nous demander de l'argent et d'eviter de se retrouver dans un taxi. Les voitures jackpot ? Celles qui ont un petit drapeau sur le capot : ce sont des voitures de moines, forte probabilité d'être pris en stop (le moines voyagent eux aussi parfois en stop)! - Un pays qui ne facilite pas la vie des voyageurs indépendants souhaitant sortir des sentiers battus. Il paraît que le pays s'ouvre depuis les dernières élections, au printemps dernier. Je n'en sais rien, mais les règles restent assez strictes pour les visiteurs étrangers : obligation de dormir chaque nuit dans un hôtel pour étrangers (les premiers prix étant souvent assez chers, pour des hôtels miteux), difficultés ou impossibilité d'arriver ou de partir vers l'Inde par voie terrestre, une bonne partie du pays est fermée aux étrangers ou soumise à des permis nécessitant de passer par une agence, routes interdites aux étrangers ce qui contraint à prendre l'avion, sans oublier les régions déconseillée par le ministère de l'intérieur français pour raisons de sécurité... Nous n'avons pas l'habitude de voyager ainsi, en allant d'un site touristique à un autre, et avons été un peu déstabilisés par ce manque de latitude. Nous ne voulions pas non plus nous retrouver trop hors la loi, ou nous rendre dans une région à la sécurité douteuse. Nous avons fini par trouver un compromis, nous déplaçant en stop (ça n'est pas vraiment interdit, ni vraiment autorisé semble-t-il...), dormant en hôtels homologués, excepté deux nuits sous tente dans un parc national très sûr et bien cachés, ne visitant qu'un petit nombre de "sites tourisiques" (trop touristiques à notre goût, assez chers et nous ne sommes pas encore sûrs que l'argent va "au bon endroit") et privilégiant les endroits peu touristiques, les petits restaurants locaux et les rencontres... - Des gens très curieux et ouverts. Les gens parlant un petit peu anglais étaient en général très contents de discuter avec nous, de nous interroger et pratiquer leur anglais. Nous avons notamment passé une soirée avec deux jeunes d'une vingtaine d'année, prenant des cours du soir d'anglais après leur travail. Très motivés pour progresser, ils sillonnent leur ville sur leur scooter ou vélo pendant leur temps libre pour repérer des étrangers et discuter avec eux pour améliorer leur anglais. Leur motivation nous a impressionnée... L'un des deux souhaite changer de travail pour devenir guide touristique. Ce type de rencontre, avec des jeunes qui se battent pour augmenter leur niveau d'éducation, me fait vraiment prendre conscience de la chance que nous avons en France d'avoir un système éducatif performant (malgré tout ce qui lui est régulièrement reproché...) et accessible à tous... La gratuité d'une bonne éducation est loin d'être la règle dans les pays que nous visitons. - Les masques sur le visage. A la campagne ou en ville, hommes femmes et enfants portent souvent sur le visage un masque fait d'une pâte blanche-jaune, protégeant la peau du soleil, aidant à lutter contre l'acnée, rendant la peau plus douce... Cette pâte, appelée thanaka, provient du bois de plusieurs arbres. L'écorce est frottée sur une pierre plate, en ajoutant de l'eau. - Une nourriture très grasse. L'huile est omniprésente dans la cuisine birmane, et est vendue par énormes bidons. Tout est frit ou baigne dans l'huile. Et cerise sur le gâteau, il y a de la viande partout. Bref, s'alimenter n'a pas tous les jours été une partie de plaisir. Pour nous en sortir, nous nous sommes rapidement munis d'un papier sur lequel était écrit en birman : "pas de viande, pas de poisson". Cela nous a bien aidé, mais on se retrouvait quand-même parfois avec du poulet (c'est pas de la viande, c'est du poulet !). - Des trottoirs tâchés de bétel. Beaucoup de birmans, surtout les hommes, chiquent du bétel, un mélange de feuille de bétel, noix d’arec, chaux, souvent tabac, le tout parfois agrémenté d'épices. La mixture est enveloppée dans une feuill de bétel, fourrée dans la bouche, mâché pendant quelques minutes ou heures, puis les gens crachent un liquide rouge. Il y en a plein les trottoirs. Dans les bus ou voitures, les gens crachent dans une bouteille en plastique vide. C'est assez répugnant ! Les consommateurs ont en général les dents tâchées de rouge et de noir, abîmées. Outre son effet stimulant, la noix d'arec est vantée pour ses vertus antidouleur. La pratique semble moins fréquente chez les jeunes, sensibilisés au risque de cancer de la bouche. La pratique se retrouve en Inde et dans d'autres pays d'Asie du sud-est, mais c'est de loin en Birmanie que l'on a vu le plus de consommateurs ! - Des moines bouddhistes loin de l'image que nous en avons. Nombre d'entre eux sont scotchés à leur smartphone, certains mangent de la viande, mâchent du bétel, se couchent tard, mangent après midi, beaucoup ont comme premier réflexe de prendre une photo des temples (voire des selfies) avant-même d'y prier... Les moines bouddhistes birmans sont vraiment surprenants ! Ils sont très nombreux. Tôt le matin, ils circulent dans les villages munis d'une gamelle pour mendier auprès des commerçants leur nourriture pour la journée. - Une capitale économique très attachante. Nous avons craqué pour Yangon, qui depuis 2005 n'est plus la capitale, mais reste la ville la plus peuplée du pays avec 4,3 millions d'habitants. Cette ville est étonnamment calme, avec un trafic raisonnable, peu de bouchons, des rues propres, des marchés agréables, des habitants accueillants... On s'y sent bien ! Marion Highlight météo : c'est la mousson ! Chaleur et grosses averses qui nous ont fait nous équiper d'un accessoire en général réservé aux sédentaires : un parapluie ! Cela nous donne un côté un peu "local" :)... Des plumes et des poils : greater-necklaced laughingthrush, chauve-souris agonisante que nous avons trouvé au bord d'une route en journée. Nous n'avons malheureusement pas pu l'aider... La surprise du chef : nous faisons du stop au bord d'une petite route de campagne. Un gros 4/4 s'arrête avec à son bord un homme occidental, une dame birmane et leur chauffeur. Ils nous font monter à bord et n'en reviennent pas : "What are you doing here ?". Nous leur expliquons notre démarche et les prenons pour des vacanciers. Au cours de la conversation, la dame nous explique qu'elle se rend parfois en France car elle travaille pour l'OIE. Je ne relève pas, pensant qu'elle me parle d'une entreprise. Quelques minutes plus tard, cela fait tilt et je lui demande : "Vous avez dit que vous travaillez pour l'OIE ?" Surprise que je connaisse (il s'agit de l'équivalent de l'OMS, pour la santé animale, le siège se trouve à Paris), elle me répond oui. La coincidence me semble trop grande, je lui dit du bout des lèvres que je suis vétérinaire épidémiologiste. Ils s'exclament alors tous les 2 : nous aussi, nous sommes en mission terrain ! Les 2 heures de route sont passées bien vite, discutant des maladies animales présentes en Birmanie, d'anecdotes épidémio et de personnes que nous connaissons en commun... La leçon de la semaine : comment gérer en souplesse une rencontre avec la police. Nous faisons du stop à la sortie d'un village. Nous espérons être pris rapidement car le poste de police n'est pas situé très loin, et si un policier nous voit faire du stop, cela nous compliquera la tache. Plusieurs hommes en scooter s'arrêtent pas loin de nous et restent là à nous regarder du coin de l'oeil. On dirait qu'ils nous surveillent. Au bout d'un quart d'heure, ils viennent nous demander si on attend le bus, on leur répond que non. Peu de temps après, un policier arrive en scooter. L'un des hommes qui nous surveillait semble très content de lui, c'est probablement lui qui a appelé le policier. Celui-ci commence à nous poser des questions. Il est préoccupé par le fait qu'on doive quitter son village avant ce soir car il n'y a pas de logement homologué pour les étrangers ici. "Si vous voulez voyager, vous devez payer. Combien d'argent avez-vous sur vous ?". On ne répond évidemment pas. Il se met à passer des coups de fil, regarder des choses sur son smartphone... Il va probablement nous forcer à prendre un taxi ou un bus. Jb me dit "On n'a rien fait de mal, n'attendons pas qu'il nous mette dans un bus, partons ! " Ni une ni deux, nous ignorons le policier et arrêtons le premier pick up de transport collectif. Nous montons dedans sans oser regarder la tête du policier et du groupe d'hommes qui nous surveillaient. Nous avançons de 20 km avec le pick up, et descendons pour reprendre le stop. Un peu de culot qui nous a évité de longues palabres ! |
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July 2017
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