Pense par Marion, notre parcours nous a fait traverser une grande diversite de milieux d altitude. Sans doute porte par un etat d esprit quelque peu nostalgique, je me suis tout a tour vu projete dans des paysages de Chine, de Californie, du lac Titicaca et meme du Sud de la Bolivie. Je pense que notre selection de photos vous en convaincra.
Du 29/08 au 02/09, mise en jambe serieuse avec le passage du col Sokuluk, a 3775m. Pour ces 2400 metres d ascention, les sacs sont lourds avec 12 jours de nourriture et nos jambes peinent a trouver le bon rythme. Ambiance tres alpine et assez humide. La redescente est magnifique, dans une large vallee herbeuse ou nous rencontrons nos premiers bergers.
Dans l apres-midi du 02, comme prevu depuis plusieurs jours, nous plantons le camp dans la vallee et laissons le mauvais temps sevir toute la journee du 03. La temperature chute et il finit par neiger (a 2500m) a l arriere du front froid. Au reveil le 04, nous nous retrouvons dans un decor de carte postale d Asie Centrale. L air est remarquablement limpide et frais, les montagnes alentours sont recouvertes d un beau petit manteau blanc.
De nouveau, une chaine de montagne se dresse devant nous. Rapidement rassures par la vitesse avec laquelle la neige fond, nous ne resistons pas a la tentation de gravir un sympathique petit sommet (3740m), ou nous etablissons notre camp le plus spectaculaire le 05 au soir.
Les vallees suivantes sont moins sauvages et de nombreux campements nomades sont autant d arrets obliges pour boire du the et manger du pain fait "maison". Sur le flanc des montagnes, nous profitons des nombreux chemins creuses par les moutons. Ils sont agreables a suivre et realisent le compromis parfait entre longueur a parcourir et denivele.
Le 07, la descente d un col nous donnes quelques sueurs froides. Mais comment font des troupeaux entiers de moutons, chevres et chevaux pour passer dans des devers pareils ? C est avec soulagement que nous atteignons la vallee et le campement de Maryam, qui sert a Marion une tasse de lait de jument fermente (le redoutable et tres respecte koumis), qu elle touille avec energie dans une peau de cochon entier. Pour moi, ca sera du Kyrgyz Cola !
Les 08 et 09, la descente vers le village de Chaek (1650m) se fait dans un decor franchement surprenant, dans une gorge luxuriante que l on verrait tout a fait dans le sud de la Californie. Il fait chaud et sec, les sacs sont legers; on deguste !
Les alentours de Chaek sont arides. En trois rideaux de montagnes, le climat a completement change. A Chaek, nous faisons des courses pour les 11 jours a venir et c est a cette occasion que nous faisons la connaissance de Narynbek, qui tres naturellement nous invite a manger et dormir chez lui, note unique nuit "en dur" de cette marche. Nous nous initions aux codes de la vie Kyrgyzes, parfois un peu rudes. Nous discutons beaucoup avec Narynbek, mais n arrivons pas a lui faire comprendre que nous marchons dans les montagnes. C est pour lui simplement inconcevable.
Les 11 et 12, l ambiance change du tout au tout, alors que nous remontons une route qui conduit a une mine de charbon. Les camions nous couvrent de poussiere, le paysage semble lointain. Longues journees.
Le 13, nous nous retrouvons dans les vastes steppes d un grand plateau perche a 3000 metres d altitude, et qui contient le fameux lac Son-Kul. Je suis rapidement rassure sur ce lieu, pourtant tres prise des voyageurs occidentaux, qui est reste tres naturel pour l essentiel.
Sur les rives de Son-Kul, il fait franchement froid malgre l impression balneaire. Apres en avoir fait un demi-tour, nous quittons le lac le 16 en pointant plein Est. Nous voici partis pour deux jours de montagnes "russes", a monter des cretes secondaires et descendre dans d innombrables vallees. C est casse-pattes, notre progression est lente.
Le 17, un orage accompagne de bonnes bourrasques et de neige nous invite a cloturer prematurement notre journee de marche.
Enfin, le 18 vers midi nous apercevons le col Kum-Bel Ata (3540m) qui nous permettra de rejoindre la civilisation. Sans vraiment se concerter mais en se comprenant tres bien, ce n est pas le col que nous allons grimper mais le sommet a cote, a 3835m. Au cours de la rapide ascention, le paysage s ouvre a vue d oeil. Nous prenons le temps d en profiter et longeons la crete avant de plonger dans la vallee de l autre cote. Dernier bivouac, a proximite de la route internationale.
Le lendemain 19, nous n attendrons pas plus de 20 minutes sous une pluie fine au col de Dolon avant qu un camionneur nous conduise a Kochkor. Clap de fin. C est en trois heures de route que nous completerons la boucle demarree trois semaines plus tot.