A commencer par la langue. Aucune racine commune avec les langues que l'on connaît, des prononciations gutturales difficiles à reproduire : à notre grand regret nous n'avons réussi à apprendre que quelques mots. Peu de mongols parlant anglais, c'est surtout le langage gestuel que nous utilisons de façon plus ou moins réussie. Pour la cuisine, il faut aimer le mouton (riz au mouton, pâtes au mouton, raviolis au mouton, soupe au mouton...) et le le thé au lait salé (voire le lait caillé). Question situations difficiles à comprendre, voici quelques exemples :
- Les gens qui viennent à tout moment du jour ou de la nuit jeter un coup d' oeil dans notre chambre d' hôtel (mais pourquoi ?);
- Les chambres d' hôtel sans draps ni chauffage (mais comment font les gens qui ne trimbalent pas de sac de couchage ?);
- Le taxi collectif qui suite à un contrôle de police se gare sur le côté et n'avance plus (ça on a finit par comprendre qu'il n'avait plus le droit de rouler avant de payer une amende, et qu'il voulait qu'on l'aide à la payer...);
- La banque qui fait également office de tourisme, qui a une enseigne de bistro et des stands de vente de lingerie;
- L'agence de voyage Air Market qui délivre gratuitement des réservations d'avion bidon pour nous permettre d'avoir notre visa chinois (qu'est ce qu'ils y gagnent ?);
- La distribution collective obligatoire de désinfectant dans la bouche et sur les mains avant de rentrer dans certaines villes (mesures relativement inutiles en lien avec un récent foyer de fièvre aphteuse) ... Bref, nous allons de surprises en surprises !
Nous avons vite compris qu'en Mongolie, voyager de façon indépendante n'est ni facile ni répandu. La plupart des voyageurs passent par des organismes qui proposent des parcours d'un ou plusieurs jours, ou mettent à disposition des 4/4 avec chauffeurs. Étant peu adeptes de cette façon de voyager et peu limités par le temps, nous avons préféré voir moins de choses mais nous déplacer par nous-mêmes, avec les moyens de transport locaux. Une immersion que nous ne sommes pas prêts d'oublier...
Nous avons d'abord rejoint Ulanbaatar en train local : dernière classe, pas de limite du nombre de billets vendus, donc un train bondé et plein de vie. Nous sommes les seuls étrangers, ce qui attise la curiosité des enfants. Le train avance à vitesse d'escargot, cela laisse grand temps de profiter des magnifiques paysages.
Pause obligée de 4 jours à la capitale pour obtenir notre visa chinois. Trop de temps dans cette ville hyper polluée, pas belle, où tout est compliqué (exemple : plusieurs heures pour trouver une imprimante/photocopieuse avec encre) et où le piéton risque sa vie à chaque traversée de route (surtout quand le petit bonhomme est vert).
Nous avons donc mis au plus vite le cap sur deux capitales d'aimags (provinces) de l'est : Choibalsan puis Barun-Urt. 13 heures de minibus surchargé de passagers et de paquets, sur des pistes cahoteuses, au son des tubes mongols dont nous connaissons maintenant les clips par coeur (thèmes récurrents : famille, chevaux, steppes), et nous voilà dans une ville du bout du monde, au milieu des grandes steppes. Nous rencontrons des volontaires du Peace Corps qui n'en reviennent pas : «Vous êtes les premiers touristes de l'hiver ! Que faites-vous là ?» Eh bien... On est venu voir la vie dans l'est de la Mongolie, les paysages des grandes steppes, et on n'est pas déçus ! A quelques centaines de mètres du centre-ville s'étendent à l'infini les grandes plaines herbacées désertes, dans lesquelles paissent quelques rares animaux. C'est beau et paisible...
Après une semaine dans l'est, cap sur l'ouest et les montagnes de l'Arkhangai. Cette fois-ci, ce sont de multiples petites montagnes qui nous tendent les bras dès la sortie de la ville. Un paradis pour des amoureux de randonnées... Quelques longues balades et nous rejoignons en taxi collectif (en payant quasiment le prix «local», on progresse en marchandage !) Kharkhorin, qui fut brièvement la capitale de la Mongolie au XIIIe siècle. Cette étape nous permet de nous essayer une journée à la randonnée à cheval dans des paysages de carte postale, et de manger dans yourte d'une famille de nomades le midi. Le point le plus marquant de la journée restera sans doute l'épreuve du bol de lait de chèvre caillé servi avant le repas... Nous avons réussi à le finir avec le sourire, bien qu'il s'agisse d'une de nos pires expériences gustatives !
Voilà trois semaines que nous sommes en Mongolie, et un début de lassitude commence à se faire sentir. Envie de changer de pays, de régime alimentaire, de gagner des contrées plus chaudes. Les températures ne nous ont hélas pas permis de partir camper en itinérance plusieurs jours, il faudra revenir en été !
Cap maintenant sur la Chine en train, après un dernier stop en Mongolie, dans le désert de Gobi.
Marion
La leçon de la semaine : ne pas écouter ce que racontent les guides de voyage concernant la langue mongole ! Après avoir essuyé pendant une semaine des regards perplexes à chaque fois que nous lancions joyeusement «Bayarlala» (merci) aux commerçants, nous avons découvert que ce mot se prononce «Bayathla» (prononciation du «th» anglais). Rien à voir...
Highlight météo : 20 février, grand soleil, comme depuis notre arrivée en Mongolie. Après des semaines autour de -10/-30, le thermomètre indique +1,5°C. Première température positive depuis le 10 janvier. Youpi, voilà le printemps !
Des plumes et des poils : gypaète barbu, gazelle à goître.
Expression de la semaine : bayathla ! Maintenant qu'on sait le prononcer...