Nous vous avions laissé à Pondichery, où nous avons débuté 2016 par une pause d'une semaine, pour cause d'intoxication alimentaire. Nous avons ensuite poursuivis notre visite de l'Inde en une quinzaine d'étapes variées, nous déplaçant autant que possible en train (la dernière classe est très peu chère, et assez confortable). J'ai adoré la cuisine indienne, la variété des paysages, la chaleur des gens, la richesse de l'avifaune, ce monde en couleurs. Je ne me suis pas fait à la saleté et aux problèmes de latrines, aux grand nombre de mendiants, gens handicapés ou dormant dans la rue, aux enfants qui travaillent, aux castes, à une ségrégation sexuelle perturbante (dans les bus, les files d'attente, certaines salles d'attente, les trains... hommes et femmes sont séparés) et à toutes ces inégalités qui semblent profondément ancrées dans la société indienne.
Notre trajet vers le sud nous a tout d'abord conduit à Madurai, ville étouffante de l'état du Tamil Nadu, où se trouve un magnifique et énorme temple hindou. La ville ne nous a pas emballée (tres touristique, et une circulation monstre !) mais le temple est magnifique, et animé. Pour être honnête j'ai du mal à comprendre quoi que ce soit à la religion hindoue, à ses rites et à ses centaines de dieux. Cette religion m'apparait chargée d'hostilité et d'une certaine violence qui me déstabilise. Je ne me sens jamais bienvenue dans un temple hindou, mais cela a le mérite de me faire réfléchir sur les religions et la façon dont je les perçois. Être déstabilisée est souvent inconfortable, mais c'est souvent ce qui m'apporte les plus riches et intenses réflexions.
A Kanyakumari, nous avons atteint la pointe sud du pays. Une petite station balnéaire visitée par des milliers de touristes indiens qui se lèvent aux aurores pour voir le soleil se lever sur les 3 mers, en poussant des cris de joie. Une ambiance vivante et bon enfant, des rencontres intéressantes, des plages désertes à portée de baskets, un coup de coeur !
A Kovalam, dans le sud du Kerala, nous avons trouvé un cocktail idéal pour nous reposer de la frénesie de l'Inde : du soleil, une plage propre (c'est à dire qui ne sert pas de toilettes publiques), des cours et location de surf, un prof de yoga avec qui se familiariser à cette discipline, de délicieux restaurants et une ambiance vraiment tranquille. Nous étions venus pour 3 jours, et c'est au bout de 2 semaines que nous en sommes difficilement repartis. Un petit break grandement apprécié ! Depuis, nous transportons nos deux matelas de yoga et pratiquons sur les plages, les toits des hôtels, nos chambres d'hôtels... Une aide précieuse pour se détendre après de longs trajets, se sentir bien dans son corps et dans sa tête !
Nous traversons rapidement en bateau les backwaters du Kerala, un ensemble de canaux et lacs situés près de la mer. Un bel endroit, mais un hot spot du tourisme, la spécialité du coin étant des hôtels-bateaux, que nous n'essaierons pas, et qui posent des problèmes environnementaux du fait de leur grand nombre.
Cap ensuite sur les collines du Kerala. Il y fait plus frais, la végétation est luxuriante. Nous faisons plusieurs randonnées accompagnées de guides obligatoires dans le Periyar wildlife sanctuary, puis passons plusieurs jours à observer les oiseaux au Thattekad bird sanctuary. Beaucoup moins de touristes dans ces endroits, et plus de passionnés de nature. Nous rencontrons notamment un guide indien capable de reconnaître (et imiter !) tous les chants d'oiseaux du coin (mâles, femelles et immatures), impressionnant !
A Hampi, nous avons randonné d'une ruine à l'autre, vestiges vieux de plus de 500 ans de l'ancienne capitale de l'empire Vijayanagara, entre 1343 et 1565. Un endroit magique, chargé d'histoire, au milieu de bananeraies et d'énormes rochers, qui n'est pas sans me rappeler les temples khmers du Cambodge. Forcément, j'ai adoré !
Nous ne faisons qu'un passage rapide à Goa, ancienne colonie portugaise, le temps de visiter rapidement Panaji et Old Goa et de pratiquer notre yoga sur une des nombreuses plages, celle-ci étant essentiellement fréquentée par des russes. Des cathédrales, des maisons colorées qui rappellent le Portugal, des animations autour du carnaval, un parfum européen habite cet endroit, fait que je m'y sens bien.
Mumbai nous apparaît nettement plus propre et moins chaotique que ce à quoi nous nous attendions. Chaque quartier a son ambiance, des beaux bâtiments victoriens datant de l'époque coloniale se trouvent à chaque coin de rue, nous trouvons cette ville agréable. Nous dormons dans un bel hôtel offert par Damien et Marjorie pour mon dernier anniversaire. Pour nous y rendre, nous devons emprunter un train de banlieue, et expérimenter une des images d'Epinal de l'Inde : les trains bondés. Il faut se battre pour en monter ou en descendre, avant les arrêts les gens dans la rame se mettent à crier, ce qui fait monter la pression, le but étant que la foule qui descend pousse plus fort que la foule qui monte. Les femmes sont dans des wagons séparés, je suis donc la seule femme du wagon à chaque fois, pour que Jb et moi soyons ensemble. Pendant le trajet des gens sont sur le marche-pied dehors, suspendus au dessus des rails en se tenant d'une main dans le wagon et aux autres gens. Lors des mouvements de foule cet assemblage précaire menace de s'effondrer et le gens crient, bref, une expérience intense et un peu traumatisante.
Ahmedabad est notre prochaine étape. Jb part en périphérie faire du birdwatching pendant que je découvre cette grosse ville de 3.5 millions d'habitants. L'occasion de visiter un endroit inspirant : un des ashrams de Gandhi. Gandhi est un fil rouge de nos visites. C'est LE héros national, celui qui donne une unité à ce pays, partout respecté, vénéré. Nous avons déjà visité plusieurs mémoriaux et musées en son honneur à Madurai (là où il a renoncé à porter des habits importés pour porter la tenue locale des indiens modestes), à Kanyakumari (ou une partie des ses cendres étaient conservées avant que le tsunami ne les emporte), à Mumbai (une maison où se sont tenus beaucoup d'importants meetings politiques). L'occasion d'en apprendre à chaque fois un peu plus sur l'oeuvre de ce grand homme.
A Jodhpur, nous voilà au Rajastan ! Les gens parlent davantage hindi, les hommes portent moustache et turban, les femmes des voiles translucides et habits des 1001 nuits, dans les rues des dromadaires tirent des carrioles, le paysage devient sec, l'ambiance me rappelle l'Asie centrale... C'est comme si nous avions changé de pays en une nuit de train ! La forteresse de la ville est grandiose, les paysages alentours magnifiques, les rues très animées...
A Jaisalmer, après avoir visité en vitesse cette jolie ville un peu trop touristique à notre goût, nous passons 24h hors du temps dans le désert. Nous demandons à un bus local de nous descendre au milieu de rien, partons marcher dans la végétation rase et les dunes occasionnelles et dormons dans le plus beau des hôtels, notre inséparable tente. L'impression d'être "de retour chez nous". Le lendemain nous rejoignons à pied la ville la plus proche pour reprendre un bus pour Jaisalmer. Changement d'ambiance, nous tombons sur le premier jour du "Festival du desert" et passons la soirée à profiter d'un spectacle de danse, musique, démonstrations diverses en discutant avec un indien rencontré sur le chemin.
Pushkar, ville hindoue sacrée, est un véritable choc esthétique.La ville s'organise autour d'un lac sacré, bordé de magnifiques batiments. Des centaines d'indiens, aux habits multicolores, font leurs ablutions et des rituels hindous dans le lac, au milieu des pigeons qui s'envolent, de la fumée d'encens, du son des cloches, des vaches qui controlent la circulation... Une ambiance magique.
Notre itineraire est ensuite modifié, car des violentes manifestations agitent le Nord de l'Inde. Une caste demande plus de quotas dans la fonction publique. Les conflit sociaux, en Inde, ça ne rigole pas : gares incendiées, rails démontés, routes coupées, des affrontements violent avec victimes... Bus et trains annulés, nous annulons pour cette fois ci la visite de la région d'Agra et mettons deux jours à rejoindre Delhi.
A Delhi nous sommes surpris de decouvrir un métro ultra moderne et propre, et de larges avenues aérées. Nous terminons notre circuit sur les pas de Gandhi en visitant un mémorial érigé a l'endroit ou il a été assassiné le 30 janvier 1948. Une visite vraiment poignante.
Encore deux semaines en Inde et nous rejoindrons le Népal, mon visa indien de 3 mois arrivant à expiration. Pour conclure ce séjour qui nous a amené beaucoup de reflexions et discussions sur nous-même et le monde qui nous entoure, nous avons décidé de faire une retraite bouddhiste de 10 jours à Dharamsala, là où réside le Dalaï Lama et le gouvernement tibétain en exil. Une expérience qui promet, là encore, d'être intense...
Marion
Highlight météo : deux jours de pluie seulement en deux mois ! Soleil et chaleur modérée, l'idéal !
La surprise du chef : nous avions lu et entendu pas mal de mises en garde sur des indiens sympa avec qui des voyageurs discutent, et qui finissent par demander de l'argent, ou assayer de les attirer dans une boutique. Nous étions donc très méfiants, mais n'avons en fait jamais fait de telle rencontre ! Nous rencontrons essentiellement des gens curieux, ouverts, soucieux de nous aider (parfois si prevenants que ça en devient étouffant, mais c'est un autre problème...), de savoir ce que l'on pense de l'Inde, contents de nous parler de Zidane (LE représentant français que l'on nous cite dans chaque pays) ou Hollande (mais beaucoup moins connu quand-même...), ravis si l'on accepte de se faire prendre en photo par eux et de leur serrer la main (voire les deux en même temps, je ne m'en lasse pas, comme des stars on serre parfois des dizaines de mains de gamins à la suite :))... Partout nous entendons "Selfie ?" "Where do you come from ?" "Where from do you come ?" (tous les ordres imaginables sont utilisés) "Hello !" "Bye !". Un engouement contagieux, qui donne le sourire !
La leçon du mois : dès qu'une transaction commerciale est en cours, c'est une autre histoire, et chaque jour nous sommes confrontés à des gens qui "oublient" ou refusent carrément de nous rendre la monnaie, n'appliquent pas le tarif officiel ou régulier, veulent nous donner un "English menu" aux tarifs différents du menu hindou... La plupart des commerçants sont honnêtes, mais quelques uns ne le sont pas, la fréquence étant bien supérieure à tous les pays que nous avons précédemment visités. Bref il faut tout vérifier en permanence et se battre pour ne pas être pris pour des pigeons, c'est fatiguant.
Des plumes et des poils : Indian Pita, superbe ! Un groupe d'une dizaine d'éléphants d'Asie sauvages, avec mères et petits, longuement observés lors d'une rando accompagnée par un guide et un guide armé (interdit de se promener seuls, les accidents n'étant pas rares dans la région), dans le parc de Periyar. Majestueux et très impressionnants !