La première grande ville que nous visitons est Hiroshima. Nous campons dans un magnifique parc à l'extérieur de la ville, au bord d'un ruisseau. Nous passons deux journées bouleversantes dans cette ville qui a su transcender la souffrance pour devenir symbole de paix. C'est très fort. On y découvre ce que l'homme a de plus sombre, mais aussi beaucoup d'espoir. Non loin de l'épicentre de l'explosion se dressent les restes du Dome Genbaku, un des rares bâtiments qui ne s'est pas effondré après l'explosion. Il est aujourd'hui protégé, et entretenu pour rester "en l'état". Nous discutons avec plusieurs enfants de survivants, visitons une vieille école également partiellement gardée en l'etat, un musée de la paix, un mémorial, nous nous promenons dans un parc contenant des dizaines de monuments. Une cloche qui sonne tous les matins à 8h15 (heure de l'explosion), un tricycle calciné, des ombres de l'explosion projetées sur les murs, des journaux d'enfants qui s'arrêtent à la date du 5 août 1945 (la veille de l'explosion), tout cela est glaçant... Après plusieurs heures dans cette ambiance lourde, retrouver le petit coin de verdure dans lequel nous dormons nous fait du bien.
Après Hiroshima, nous rejoignons un temple zen, dans la campagne autour de Kyoto. Durant 3 jours nous vivons au rythme des traditions de cette branche du bouddhisme. Récitations de sutras hyper rapides en japonais, méditations assises, en marchant ou en travaillant, repas extrêmement frugaux et codifiés... Les jours finissant par un 4 ou un 9, la journée est plus détendue et nous pouvons prendre une douche. Le soir je dors dans une salle du temple avec les autres femmes, après avoir déroulé des futons. Une expérience très intense.
A Kyoto, nous retrouvons Nicolas, le frère de Jb, et sa fiancée Camille, venus deux semaines en vacances. Deux ans que les deux frères ne se sont pas vus ! Pendant une semaine, nous jouons les touristes "guide du Routard" dans la capitale japonaise du tourisme. Temples, balades, magasins... Avouons-le, je sature vite des visites de temples touristiques, mais je suis emballée par un musée consacré aux dispositifs anti-tremblements de terre qui équipent certains immeubles, et par l'après-midi que nous passons tous les 4 dans un karaoké et une immense salle de jeu... Je ne pensais pas m'amuser autant à un karaoké ! Et j'ai découvert un nouveau talent : Nico est un cador du bowling ! Bref, une semaine riche en émotions et en visites, merci Nico et Camille pour ces bons moments !
Nous voilà maintenant au pied du Mont Fuji, à une centaine de km de Tokyo. Nous y aidons pendant deux semaines dans une ferme bio, contre le gîte et le couvert. Le paysage est magnifique. Comme tout bon volontaire, nous passons beaucoup de temps à desherber à la main champs et massifs. Épuisant ! En dehors de ça, nous plantons, transplantons, modelons des buttes, paillons, arrosons... Nous cuisinons nous-même avec les ingrédients que l'on nous fournit, et mangeons face au Mont Fuji. Se poser un peu au grand air, loin des grandes villes, me fait le plus grand bien ! Quel plaisir de plonger de nouveau les mains dans la terre, observer les insectes, voir les graines germer...
Je me sens bien au Japon, pas de gros choc culturel. Il faut dire que cela fait presque deux ans que nous voyageons en Asie, où les pays présentent certaines caractéristiques communes (populations peu extraverties, importance de la politesse, respect aux ainés...). Au Japon, nous (re)découvrons cependant certains petits plaisirs vraiment agréables :
- Se servir un verre d'eau du robinet et pouvoir le boire sans crainte, sans avoir à filtrer ou faire bouillir l'eau...
- Communiquer avec des gens qui osent essayer de parler anglais, même s'ils ne connaissent que quelques mots. En Chine et à Taiwan, le gens qui ne parlaient pas couramment anglais n'osaient pas s'exprimer, nous disant uniquement "I am sorry, I do not speak English"
- Essayer de parler japonais, grâce à un dictionnaire et à des traducteurs. Quel plaisir, les gens nous comprennent ! En Chine les intonations sont si difficiles que nous ne pouvions communiquer qu'en écrivant des kanji sur un papier...
- Les "toto Washlet" : des toilettes qui lavent les fesses, et parfois même les sèchent !
- Les sentos : des salles de bains collectives. Un horaire pour les hommes, un autre pour les femmes. Le bain ne sert qu'à se détendre, pas à se laver. Il faut donc se doucher et se savonner avant de rentrer dans le bain. Tout le monde est nu. Très relaxant, un délice !
Marion
Highlight météo : nos trois premières semaines ont été très ensoleillées et chaudes. Depuis une semaine, c'est ce qu'ils appellent ici la "saison des pluies", il fait plus nuageux, et il pleut régulièrement. Le Mont Fuji est souvent recouvert d'un couvercle nuageux. Nous espérons que nous trouverons une fenêtre météo pour tenter l'ascension de cette montagne majestueuse et fascinante !
La surprise du chef : à notre arrivée au Japon, j'ai été surprise de voir à de nombreux endroits des pancartes, enseignes, journaux écrits à l'aide de kanjis, les caractères chinois ! J'ai alors découvert qu'au Japon il n'y a pas un type d'écriture, mais 4 ! En effet, on retrouve beaucoup de kanjis (empruntés au chinois, mais certains d'entre eux sont propres au japonais), ce qui mène parfois à des confusions, car la langue japonaise est atone, à l'inverse du chinois, il y a donc beaucoup d'homophones. Il y a ensuite les hiraganas et les katakanas, propres au Japon. Les katakanas s'utilisent principalement pour noter les emprunts lexicaux aux langues étrangères (à l'exception du chinois et du coréen, dont le vocabulaire d'emprunt est présent dans la langue japonaise depuis longtemps) et servent de mise en relief. Les mots habituellement écrits en kanji peuvent également être transcrits en hiragana. Enfin l'alphabet latin romaji est parfois utilisé pour les mots intraduisibles dans les autres styles d'écriture. Traditionnellement, le japonais s'écrit au format tategaki (sans espaces entre les mots, de haut en bas et de droite à gauche), mais le format yokogaki (de gauche à droite et de haut en bas) est de plus en plus souvent utilisé. Apprendre à lire doit être un vrai casse-tête pour les enfants japonais !
La leçon de la semaine : leçon d'origami. Nous rencontrons régulièrement des écoliers qui pratiquent un peu leur anglais avec nous, puis nous offrent un origami. A Hiroshima, l'origami de la grue est un symbole de paix que l'on retrouve partout. Je ne voulais pas partir du Japon avant d'avoir appris à faire une grue en origami. Il existe plusieurs méthodes, celle que je trouve la plus jolie est celle-ci : https://youtu.be/Ux1ECrNDZl4. Ça n'est pas très difficile, assez rapide mais pas évident à retenir.
Des plumes et des poils : au Japon, il est possible de caresser des plumes et des poils dans des... "cafés"! En effet les "Neko cafe" sont très populaires, notamment dans les grandes viles où il est parfois compliqué d'avoir un chat en appartement. Les règles dans ces cafés sont assez strictes, il faut se laver les mains, se déchausser, ne pas embêter les chats... On peut se commander une boisson ou acheter des croquettes à donner aux chats. On paye selon le temps passé sur place. Je n'ai pas essayé, mais bon, pourquoi pas. On a en revanche été assez choqué de découvrir à Kyoto des lieux où le même principe est utilisé avec des rapaces, que les gens peuvent caresser. Beaucoup moins chouette à mon sens...