Des le passage de la frontiere ouzbek, le ton est donne, et je reste coincee 1h30, passeport confisque. En cause, quelques comprimes de medicaments interdits en Ouzbekistan, et pour lesquels je n'ai pas d'ordonnance. Apres de longs moments stressants a voir les douaniers fouiller mon sac de fond en comble, faire des verifications sur Internet et par telephone concernant la molecule et mon identite, ils finissent par nous laisser repartir (sans les fameux comprimes) en nous faisant comprendre qu'ils nous font une faveur et que j'aurai du avoir des ennuis... Belle entree en matiere !
Un lift de stop plus tard, nous voila a 20 km de la, a lever le pouce en plein desert pendant 4h, au soleil par pres de 40 degres... Il faut nous rendre a l'evidence : il y a trop peu de passage de vehicules, et les ouzbeks ne comprennent pas le concept du stop. En Asie Centrale, les gens se mettent sur le bord des routes, arretent les voitures et paient les chauffeurs pour aller quelque part, chaque voiture individuelle etant un taxi collectif potentiel... Nous avons donc bien du mal a expliquer notre demarche. En fin d'apres-midi, jb se rend a pied a l'unique village sur des centaines de km a la ronde pour se renseigner sur les trains et changer de l'argent. Il se retrouve de nouveau confronte a des militaires, tres surpris de voir un etranger dans le village : questionnement, confiscation temporaire des jumelles (avoir des jumelles pres d'une frontiere, c'est louche...), verification des photos presentes sur notre appareil...
Autre difficulte dans ce pays : nous sommes tenus de dormir a peu pres chaque soir dans un hotel officiel, qui nous enregistre aupres des autorites et nous donne un petit coupon. Sans ces coupons, nous risquons une grosse amende en cas de controle, ou a la sortie du pays. Notre visa expire dans moins de deux semaines, nous avons vraiment envie de visiter plusieurs villes et aucune envie de nous frotter aux autorites, nous nous resolvons donc a regret a remplacer temporairement le stop par des deplacements en train/bus, et a dormir en hotel. Cela revient finalement a voyager de la meme facon que nous le faisions l'an dernier en Asie. Ce "retour en arriere" ne nous plait pas trop, mais nous permet de prendre conscience que parmi toutes les facons de voyager, le stop est aujourd'hui celle qui nous correspond le plus.
Apres etre sortis en train de la zone desertique proche de la frontiere, nous peinons a trouver un hotel dans lequel effectuer notre premier enregistrement oficiel. Nous voila en regle ! Nous rejoignons alors Moynaq, ancien port de peche florissant, a l'epoque ou la mer d'Aral etait davantage qu'une flaque d'eau, avant les annees 60. Depuis, l'irrigation des champs de coton a divise sa superficie par 5 et augmente fortement sa salinite. Moynaq est devenue une ville quasi fantome, mangee par le desert. Les bateaux de pecheurs rouillent sur les anciennes berges de la mer, et une beaute triste se degage de ces paysages desertiques. Il fait pres de 40 degres a l'ombre et nous partons randonner quelques heures sur l'ancien lit de la mer, le temps de nous impregner de cette ambiance si particuliere et de boire les 8 L d'eau que nous transportons (eau en bouteille bien sur, le nappes etant polluees...). Regulierement, nous marchons sur de petit coquillages, qui rappellent un passe plus glorieux. Impossible de ne pas s'interroger sur l'impact de l'homme sur son environnement a l'echelle globale. Je repense a ce reportagle que j'avais vu etant enfant, sur les pecheurs de ce village, qui partaient pecher sans cesse plus loin. Tout le monde a vu venir cette catastrophe ecologique, annee apres annee la mer a recule, et maintenant les pecheurs ne vont meme plus pecher. Cette visite me touche et me laisse profondement marquee.
Nous visitons ensuite le trio Khiva - Bukhara - Samarkand, etapes importantes sur la mythique route de la soie. Ces lieux sont touristiques certes, mais nous comprenons pourquoi... Les medressas, caravanserails, mosquees, remparts... sont d'une eshetique folle. Les photos parlent d'elles-memes... Je ne m'attendais pas a etre autant captivee par ces batiments. Rarement construction de l'homme ne m'ont parues aussi belles. Samarkand etait un reve de longue date pour jb, et je suis egalement enchantee de partager ces moments avec lui. Je comprends pourquoi cette ville l'attirait autant.
A partir de Samarkand, nous retentons le stop, en ciblant uniquement les camions, avec succes. Nous sommes tres contents de nous y remettre et de rencontrer des camionneurs, essayer de discuter avec eux, partager le the ou le dejeuner sur le bord de routes desertiques, dans de petits snacks improbables... Nous ne nous attardons pas dans l'immense Tashkent et rejoignons le sud du Kazakhstan, ou le stop est tres facile, puis Bishkek, capitale du Khirgistan, notre 13e pays depuis notre depart de France en juin dernier.
Marion
Des plumes et des poils : traquet du desert, chameaux de Bactriane, dromadaires et hybrides appeles turkoman (qui ont une seule bosse legerement subdivisee, la femelle est fertile, et le male tres peu), dans le sud du Kazakhstan.
Highlight meteo : apres des semaines de soleil et plus de 35 degres chaque jour, nous passons une journee etonnante au Kazakhstan, sous la pluie, par moins de 20 degres.
La lecon de la semaine : dans les etats policiers, on ne rigole pas avec la loi. Apres une premiere journee en Uzbekistan passee sous le signe des controles policiers/militaires, nous avons pris l'habitude de changer de trottoir quand nous voyons des kepis, et de faire profil bas.
La surprise du chef : oups, mon passeport est presque complet ! Pas de section consulaire a Bishkek, mais a Almaty, faire refaire un passeport plein est etonnament facile. Un AR (en minibus helas, en stop il m'aurait fallu plus de temps) Bishkek-Almaty en une journee pour accomplir les formalites et il ne me reste plus qu'a etre patiente (2-3 semaines, le temps d'un trek dans les montagnes kirghizes) et croiser les doigts !