Presque deux mois que nous sommes aux Philippines, où pour cause de mauvais temps et de difficultés à faire du stop, pratiquement chacune de nos étapes s'est retrouvée modifiée ou annulée. L'occasion d'exercer notre patience, et de prendre encore plus notre temps que d'habitude, restant plusieurs jours aux endroits où nous nous sentions bien (et où il ne pleuvait pas trop !).
Retour sur quelques moment forts de ce voyage aux Philippines.
31 décembre, un nouvel an qui en dit long sur l'archipel
Les habitants de Manille que nous avons interrogés sont unanimes. Le meilleur endroit pour fêter le passage à 2017, c'est le "Mall of Asia", un des plus grands malls d'Asie. Passer le réveillon dans un mall ? Nous sommes sceptiques, mais c'est l'occasion ou jamais, et celà va tellement à l'encontre de nos habitudes, de nos passions et de notre façon de voir la vie que s'en est comique.
Pour dîner, notre restaurant végétarien favori étant fermé, et les autres servant exclusivement de la viande, nous échouons dans un fast food, élément clé de la société contemporaire philippine. Les fast food et les malls sont hyper présents partout, et représentent les activités principales de loisirs de nombreux philippins. En couple ou en famille, pour acheter ou simplement regarder, la sortie du week-end, c'est le mall. D'ailleurs les hub de transports sont souvent situés aux malls. Ils sont démesurés.
Après notre réveillon gastronomique, nous nous promenons dans les rues agitées par un chaos de pétards et feu d'artifice tirés par enfants et adultes. Direction ensuite le mall, où un concert en plein air est organisé. Il y a un monde fou, il faut jouer des coudes pour se déplacer. Certaines familles se sont installées sur des pelouses pour pique-niquer au milieu de la foule. Peu de gens écoutent réellement le concert. Les gens profitent du bain de foule, se déplacent d'un endroit à un autre, partagent photos et vidéos sur les réseaux sociaux. On trouve rapidement ça plutôt ennuyeux. A minuit, un magnifique et très gros feu d'artifice est tiré sur l'eau juste en face du centre commercial. Encore une fois, les gens filment le spectacle plutôt que de le regarder, chatent sur leur téléphone plutôt que de souhaiter le bonne année à leur voisin. Quel drôle de monde, et quel contraste avec le Noël que nous venons de passer dans la montagne !
Fidèles à notre habitude, nous délaissons les taxis et traversons la ville à pied pour rentrer à notre hôtel. Nous y croisons beaucoup de personnes seules dormant sur le trottoir, sous des cartons ou dans des huttes de fortune. Ici aussi les inégalités sont saisissantes. Je mesure une fois de plus la chance que j'ai d'être née "au bon endroit".
Mont Makiling, 1090 m et une météo qui décoiffe !
Un peu décus d'avoir du annuler la randonnée que nous avions prévue dans le nord de l'île, nous avons décidé de passer quelques jours autour du Mont Makiling, une montagne plus modeste. Si nous avons été (relativement) épargnés par la pluie, nous avons été gâtés en vent, boue et sangsues. Au sommet, les nuages ne nous ont pas permis de voir quoi que ce soit. Nous avons trouvé la forêt si belle que nous y avons passé 3 nuits, dormant dans notre tente et récupérant et filtrant de l'eau dans les rivières, alors que quasiment tous les visiteurs font cette randonnée à la journée. Nous y sommes allés lentement, écoutant, sentant, regardant cette nature si belle et si riche. Quelques jours suspendus.
Les îles Calaguas : un plan B de toute beauté
Dans le sud de l'île de Luzon, nous avions repéré un petit chapelet de jolies îles, assez peu touristiques. Apres nous être rendus au village dont partaient les bateaux, nous avons découvert que la météo ne permettait pas aux bateaux de sortir en mer. Nous sommes donc restés plusieurs jours dans ce petit village, à attendre la passage du mauvais temps, regarder le village vivre, puis nous aventurer dans les collines herbacées des environs. Une étape inattendue, qui nous a vraiment séduite. Les couchers de soleil sur la plage en regardant les enfants du village jouer autour de nous resteront des moments forts de ce voyage philippin.
Masbate, une étape surprise
Nous n'avions pas prévu de nous rendre sur l'île de Masbate, mais l'itinéraire le plus simple pour nous rendre à Cebu depuis le sud de Luzon impliquait d'y passer une nuit. Arrivés le soir à Masbate, ville principale de l'île du même nom, nous avons été séduits par le calme de ses rues, et par l'aspect respirable de son air. Fatigués par la pollution du sud de Luzon, nous avons décidé d'y passer une journée, pour explorer les mangroves environnantes.
On ne comprend pas bien ce qui rend aux Philippines l'air particulièrement irrespirable : un carburant de mauvaise qualité ? Des moteurs mal réglés ? Une absence de législation concernant les véhicules polluants ? Hormis à Beijing et Hong Kong, nous ne nous rappelons pas avoir constaté un tel niveau de pollution aux particules fines autre part...
Panglao, deux semaines d'apnée chez les champions
Certains nous demandent ce que l'on peut bien apprendre de nouveau en apnée, après avoir déjà passé pas mal de temps à en faire en Thailande. Eh bien tout d'abord il s'agit en premier lieu de s'amuser, pratiquer une activité que l'on aime !
Pour ce qui est de l'apprentissage, on commence un peu à connaître les aspects "théoriques" de la discipline, mais pour l'aspect pratique, plus on pratique plus on est à l'aise dans l'eau sans respirer, plus nos mouvements sont efficaces. Nous passons du temps à regarder les vidéos des pros, et à décortiquer chaque mouvement, départ, demi-tour, pour essayer ensuite d'améliorer notre propre technique. Il y a tant de paramètre à gérer qu'à chaque sortie nous ne pouvons nous concentrer que sur quelques détails à modifier.
A notre niveau, nous sommes souvent arrêtés par de petits obstacles qu'il faut surmonter avant de pouvoir aller plus loin (obstacles mentaux, technique pour équilibrer en profondeur, froid ou mal de mer...). Un travail parfois physique, mais le plus souvent mental.
Le champs de cette discipline étant large, nous découvrons également régulièrement de nouveaux aspects, qui nous procurent de nouvelles sensations. Lors de ces deux semaines par exemple, nous avons découvert la monopalme, procurant de belles sensations de glisse. Je me suis également mise, pour les plongées au-delà de 30 m, à plonger avec un pince-nez, sans masque. Dans un premier temps déstabilisée, je suis devenue très fan de cette minimisation de l'équipement, qui me permet de faire plus corps avec l'élément marin, de me sentir encore plus libre, et d'éliminer la question de devoir équilibrer son masque en profondeur. De son côté, Jb pratique de plus en plus souvent sans palme.
A Panglao, nous avons eu la chance de côtoyer d'excellents apnéistes, notamment une japonaise détentrice d'un record mondial, qui sur la bouée à côté de nous a plongé à 80 m ! De notre côté on y va doucement, pas au-delà de 42 m pour le moment.
Cebu city, la nature à portée de main
La ville de Cebu, sur l'île du même nom, est la deuxième plus grande ville des Phlippines, avec près d'un million d'habitants. Tout aussi polluée, elle est cependant plus agréable que Manille, car en quelques kilomètres il est possible de rejoindre de belles zones de nature. Nous avons ainsi fait une magnifique randonnée à la journée, en partant à pied du centre-ville, pour rejoindre une jolie grotte contenant une cascade, en traversant collines et petits villages. Nous avons également passé plusieurs jours sur une île voisine, Olango, dans laquelle se trouve un bird sanctuary. Un endroit très paisible, joli, où nous avons pu observer des dizaines de limicoles en migration.
Anecdote amusante, du jour au lendemain, la France arrive sur le devant de la scène aux Philippines : la Miss Univers 2016 est française ! Tout le monde nous en parle, cette compétition est suivie de près ici. Les élections ont eu lieu aux Philippines, mais où ? Au Mall of Asia, bien sûr !
Marion
Des plumes et des écailles : le courlis de Sibérie (far eastern curlew), le limicole qui a le plus grand bec ! Le mudskipper, un drôle de poisson vivant dans les mangroves. Il peut se déplacer dans la boue, hors de l'eau, grâce à un appareil respiratoire mixte, fonctionnant à la fois dans l'eau et à l'air libre.
La leçon de la semaine : première mésaventure de ce genre du voyage : à un arrêt de bus bondé de Manille, un homme s'est jeté sur moi pour m'arracher mes boucles d'oreille à 5 euros. Cette aventure m'a attristée, soulignant la pauvreté et le désespoir de cet homme, qui semblait en plus sous la coupe d'un autre homme, qui faisait le repérage en le laissant faire le "sale boulot" (on l'avait repéré et on était hyper vigilant, mais en nous focalisant sur nos sacs a dos). Plus de peur que de mal, mais j'ai retenu la leçon : j'attendrai Taiwan avant de ressortir un quelconque bijoux.
Highlight météo : cyclone, dépression et orages tropicaux, nous pensions venir pendant la belle saison, qu'est-ce que ça doit être pendant la mousson ! Les gardes-côtes sont très stricts et empêchent tout bateau de partir en mer quand ils trouvent le temps trop menaçant, compliquant les activités quotidiennes des philippins, notamment les pêcheurs.
La surprise du chef : alors que nous attendions un transport collectif, nous avons été pris en stop dans un endroit hyper touristique, où la plupart des véhicules se transforment en taxi. Le genre d'endroit que nous préférons éviter où quitter en bus tellement le stop y est en général difficile. Mais pas cette fois-ci. En stop, les choses se présentent rarement comme on s'y attend !